2025, l’or en tête : +29 % - Actif refuge ou mirage doré ?
Une convergence de facteurs macroéconomiques et géopolitiques
L’année 2025 marque un tournant pour l’or. Tandis que les marchés actions peinent à retrouver leur dynamisme et que les crypto-actifs reculent dans les allocations d’actifs, le métal jaune affiche une progression spectaculaire de +29 % depuis le début de l’année. Cette performance réactive le débat : s’agit-il d’un refuge légitime ou d’un emballement spéculatif conjoncturel ?
Cette remontée de l’or s’inscrit dans un contexte mondial incertain. L’inflation reste tenace, la croissance mondiale ralentit, les tensions sur les devises se multiplient, et les conflits géopolitiques prolongés alimentent les craintes des investisseurs. Dans ce climat, la demande pour des valeurs refuges s’intensifie. Les achats d’or s’accélèrent, tant chez les investisseurs institutionnels que chez les particuliers
Les ETF adossés au métal enregistrent une nette hausse, tout comme la demande physique, notamment en Asie. Les achats de lingots et de pièces témoignent d’une volonté de sécurisation patrimoniale individuelle.
Dans le même temps, la dé-dollarisation, longtemps marginale, s’impose désormais comme une tendance visible. Certains États cherchent à réduire leur dépendance au dollar américain. L’or, coté en dollars, bénéficie de ce repositionnement géopolitique et s’impose comme une réserve alternative.
Un soutien structurel des banques centrales, en voie de stabilisation
Depuis plusieurs années, les banques centrales – en particulier celles des pays émergents – jouent un rôle central dans la dynamique haussière de l’or. Leurs achats nets ont constitué un soutien structurel aux cours. En 2025, cette tendance semble marquer une pause : les volumes d’achats se stabilisent, voire ralentissent légèrement.
Cependant, ce léger essoufflement ne semble pas suffisant pour inverser la tendance haussière. Cela suggère que d’autres catégories d’investisseurs – comme les institutionnels occidentaux ou les particuliers – prennent désormais le relais dans la formation des prix, renforçant la profondeur du marché.
Taux réels, inflation et coût d’opportunité
Un autre facteur de soutien majeur reste l’environnement de taux réels faibles, voire négatifs. Lorsque les rendements corrigés de l’inflation sont bas, le coût d’opportunité de détenir de l’or – un actif sans rendement – diminue. Cette configuration rend l’or plus compétitif face aux obligations ou aux placements monétaires.
Toutefois, cet équilibre reste précaire. Un durcissement inattendu de la politique monétaire, une remontée rapide des taux ou un rebond du dollar pourraient rapidement modifier les arbitrages d’allocation. L’or reste extrêmement sensible à ces variables macroéconomiques, sa valorisation étant intrinsèquement liée aux conditions de taux.
Valorisation, volatilité et perspectives
Sur le plan technique, plusieurs analystes alertent sur un risque de surachat. Le prix de l’once, désormais au-delà des 2 400 USD, suscite des interrogations. Certains évoquent la possibilité d’un objectif à 3 500 USD si les tendances actuelles persistent, tandis que d’autres anticipent une consolidation ou une correction.
L’or, souvent perçu comme un actif stable sur le long terme, peut néanmoins connaître des phases de forte volatilité sur des horizons plus courts. Le retournement du sentiment de marché, même temporaire, peut entraîner des mouvements de prix significatifs.
Performances historiques et limites structurelles
Malgré sa récente performance remarquable, l’or présente des limites structurelles. Sur le long terme, ses performances restent inférieures à celles des actions, notamment en l’absence de flux réguliers de revenus (dividendes, coupons). De plus, le coût de détention – stockage, assurance, fiscalité – n’est pas négligeable.
Investir dans l’or via le secteur minier ajoute d’autres risques : hausse des coûts de production, contraintes réglementaires, instabilité géopolitique dans les zones d’extraction. Enfin, certaines analyses soulignent que des valorisations élevées – rapportées à des indicateurs comme le PIB ou l’inflation – peuvent être associées à des rendements futurs plus faibles, appelant à une certaine prudence.
Et si on conclut ?
En 2025, l’or s’impose comme un actif incontournable dans un contexte d’incertitude globale. Sa progression reflète une combinaison de facteurs structurels (taux bas, demande institutionnelle, dé-dollarisation) et conjoncturels (instabilité géopolitique, inflation persistante). Toutefois, l’ampleur de cette hausse invite à nuancer l’enthousiasme. Entre soutien fondamental et emballement spéculatif, le débat reste ouvert — et mérite d’être suivi avec vigilance.